Le 17 février 2015
Au sommet de COPENHAGUE sur le climat (7 au 18 décembre 2009) le lobby nucléaire a fait pression pour que l’énergie nucléaire soit reconnue comme une solution pour lutter contre le réchauffement climatique, arguant qu’en fonctionnement, la filière n’émet pas de Gaz à Effet de Serre (GES).
Le protocole de Kyoto permettait aux pays développés de bénéficier de crédits d’émission s’ils développaient des projets hors de leurs frontières ( hormis des unités de réduction d’émissions générées par l’industrie nucléaire).
Un des « enjeux » de COPENHAGUE était d’ouvrir cette possibilité au nucléaire. Les pays soutenant cette proposition étaient le Japon, la Russie, l’Inde, la Chine, ainsi que le Canada et l’Australie : premiers exportateurs mondiaux d’uranium. Les chercheurs de GIEC n’excluaient pas totalement, déjà dans un rapport de 2007, le rôle de la technologie nucléaire dans la réduction des GES, redoutant toutefois la prolifération des armes et des déchets.
Après le sommet de LIMA (décembre 2014) préparant la conférence internationale de PARIS en 2015 sur le climat, quelles propositions ressortiront-elles sur l’aide à accorder aux Pays du Sud pour diminuer leur GES ?
Après l’abandon progressif de l’énergie nucléaire décidé par l’Allemagne dès juin 2000 par la coalition « rouge-vert » et accéléré après Fukushima en mars 2011, le lobby nucléaire focalise l’attention sur l’existence des anciennes centrales à charbon en Allemagne. Critique sur ce point, WWF admet que « l’Allemagne a pourtant réussi à enclencher le mouvement vers une vraie transition énergétique, avec une augmentation des énergies renouvelables sur la période 2010-2013 qui a permis de compenser la réduction d’électricité issue du nucléaire ». La part des énergies renouvelables ( éolien, biomasse, photovoltaïque, hydraulique) a atteint 24% de la production électricité en 2012,
Le lobby nucléaire assène pourtant de plus belle son argumentation, affirmant que la filière n’émet pas de GES en fonctionnement. Mais la filière nucléaire émet des quantités non négligeables de GES, liées au cycle de vie des réacteurs (construction, démantèlement...) et de leur combustible (extraction, transport, retraitement...).
photo CRIIRAD 2009 Niger centrales au charbon
L’extraction de l’uranium au Niger, alimentant les centrales nucléaire françaises, se fait grâce à des centrales à charbon fortement polluantes et prélève ainsi 85 % de l’électricité produite dans ce pays. (voir déclaration Bruno Chareyron de la CRIIRAD dans cet article ),
Mais surtout, contrairement à d’autres technologies, le nucléaire ne permet pas de récupérer la chaleur dégagée lors de la production d’électricité. Il impose donc de produire de l’énergie supplémentaire pour nos besoins en chaleur. Produire électricité et chaleur en co-génération permet d’émettre 7 fois moins de gaz à effet de serre qu’un système énergétique nucléarisé !
D’autre part, pour un euro investi, l’efficacité énergétique et certaines énergies renouvelables sont jusqu’à 11 fois plus performantes que le nucléaire pour réduire les GES ! Le nucléaire est une technologie "hors sujet" et inefficace :
75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de secteurs sans aucun lien avec la production d’électricité, ou pour lesquels recourir à l’électricité est d’un rendement mauvais : agriculture, exploitation forestière, procédés industriels, transport, chauffage. Et n’oublions pas que le nucléaire représente moins de 2% de l’énergie consommée.
Non seulement, le nucléaire est hors sujet dans la problématique du dérèglement climatique mais les catastrophes que le nucléaire provoque, posent des problèmes insoutenables, invivables (comme à Tchernobyl, Fukushima ) et elles risquent de se multiplier avec un parc vieillissant et des menaces de conflit avant même que le dérèglement climatique ne se fasse lourdement sentir. Il faut de toute urgence arrêter les 400 réacteurs encore en fonctionnement. Ce n’est pas une transition mais une révolution énergétique qu’il nous faut, pour écarter la menace nucléaire et arriver rapidement à l’autonomie énergétique et à la société solaire préconisée par Hermann Scheer.
Ecoutons Bella Belbeoch dans cette courte vidéo s’exprimer en 2011 sur le sujet
https://www.youtube.com/watch ?v=STE5Tq3lHXI&feature=youtu.be
Sources : Sciences et avenir :
Centrales au charbon :
http://www.wwf.fr/vous_informer/actualites/ ?3000/Europe-s-Dirty-30
SDN :
http://www.sortirdunucleaire.org/Vers-des-centrales-a-charbon . http://www.sortirdunucleaire.org/Mines-d-uranium-au-Niger-soutenons
Charbonnages , la centrale de Gardanne :
http://www.lakko.fr/centrale-gardanne.html
Réseau « Action Climat » :
http://www.rac-f.org/DocuFixes/fiches_thema/Fiche-nucl_EDS.pdf
Bonjour,
nous vous prions de trouver ci-dessous une réponse à l’article "L’écolo doit voter pour le nucléaire" signé par M Jancovici (Les Echos, 16 décembre 2014).
Bien cordialement Stéphane Lhomme Directeur de l’Observatoire du nucléaire
Le nucléaire ne sauvera pas le climat
Dans son article "L’écolo doit voter pour le nucléaire", M Jancovici prétend d’abord que l’atome engendre des dangers "minimes", ce qui est dérisoire alors que la catastrophe de Fukushima (commencée le 11 mars 2011) est toujours en phase critique et que celle de Tchernobyl est loin d’être terminée puisque, près de trente ans après son début (26 avril 1986), des millions de gens vivent toujours en zones contaminées, principalement en Ukraine et en Biélorussie.
Bien plus intéressante est la tentative de faire croire que le nucléaire permettrait de lutter contre le changement climatique. Or, M Jancovici connait parfaitement les données de la consommation mondiale d’énergie :
pétrole+gaz+charbon : 85%
renouvelables : 13% (en augmentation rapide), principalement biomasse et hydroélectricité.
- nucléaire : 2% (en baisse continue depuis 2001)
Et la part du nucléaire, quasi négligeable (contrairement à son risque, gigantesque) va continuer à baisser au fil des fermetures de vieux réacteurs qui seront loin d’être compensées par les quelques nouveaux réacteurs, presque exclusivement chinois d’ailleurs.
M Jancovici sait donc parfaitement que le nucléaire est et restera incapable d’empêcher le changement climatique, même à la marge. D’ailleurs, dans son texte, il essaie plutôt de jouer sur la théorique contradiction qu’il y aurait à tenir compte des avis du Giec et pas de ceux de l’Unscear, cette dernière étant présentée comme un organisme scientifique alors que ce n’est qu’une structure de propagande créé au sein de l’ONU par et pour l’industrie nucléaire.
Stéphane Lhomme Observatoire du nucléaire