Le 20 septembre 2015
Il a fallu 7 mois de réflexion au Conseil municipal de Quimper pour élaborer une réponse sur les bornes de rechargement de la voiture électrique à notre courrier daté du 13 février 2015, réponse qui témoigne d’une surdité totale à nos arguments développés ci-dessous.
Ci-joint la réponse de la mairie en date du 8 septembre 2015
Cette réponse précède l’annonce dans le Télégramme de samedi 19 septembre de l’installation de 290 bornes dans le Finistère.
A l’horizon 2030 c’est 7 millions de points de charge qui sont prévus d’être installés dans la loi de transition.
Ci-dessous notre courrier initial que vous pouvez aussi retrouver à la fin de notre article de février 2015 intitulé "voiture électrique : la charrue avant les boeufs !"
Monsieur Le Maire de Quimper, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Municipal de Quimper, Mesdames et Messieurs du Conseil Communautaire de Quimper Communauté,
Objet : développement de la voiture électrique et des bornes
L’actualité et en particulier les annonces du Ministère de l’écologie mais aussi plus proche de nous, de l’entreprise Bolloré sur le développement de la voiture électrique et des bornes de rechargement qui l’accompagnent, nous amènent à vous faire part de sérieuses réserves concernant ce « vaste » programme.
Vous n’ignorez sans doute pas que voiture électrique signifie recharge régulière de la batterie (100 à 200 Km d’autonomie) c’est-à -dire consommation électrique aux bornes mais surtout chez le particulier le soir justement où la consommation électrique explose et oblige en hiver en particulier soit d’acheter de l’électricité à l’Allemagne et pour nous Bretons de mettre en route les centrales à gaz. En temps normal, le rechargement des batteries se fera quasi exclusivement sur le réseau électrique ordinaire, c’est-à -dire à 75% par le nucléaire.
La voiture électrique sera alors co-responsable des tares de l’atome, et l’on peut même parler d’une véritable délocalisation de la pollution : contamination du Niger par les mines d’uranium d’Areva, rejets radioactifs dans l’environnement et production de déchets radioactifs par les centrales nucléaires d’EDF, etc, sans oublier les mines de lithium (par exemple en Amérique du Sud) pour les batteries.
Et tout ça pour permettre à des urbains de rouler prétendument "propre" » comme l’écrit Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du nucléaire.
Mais sans doute vous ignorez que la voiture électrique pollue aussi avant et après.
Dans un article de La Tribune du 4 décembre 2013 : « ... En France, une voiture électrique présente un avantage indéniable en termes de réchauffement climatique, mais à partir de 50.000 kilomètres parcourus, selon une étude pilotée par l’Ademe, la principale agence environnementale française.
A sa sortie d’usine, son bilan CO2 n’est en effet pas formidable, du fait principalement de l’extraction des métaux qui composent la batterie ». Le propriétaire de la voiture devra rouler 35 à 50 Km chaque jour et pendant plus de 5 ans, 365 jours par an, juste pour compenser son bilan carbone par rapport à une voiture thermique.
De plus vous n’ignorez plus que le programme d’installation des bornes coûtera à la communauté urbaine, ne rapportera pas de redevance et créera peu d’emploi. Nous citons les informations écrites dans l’article du journal Le Télégramme du 7 février 2015 concernant les bornes de rechargement en Bretagne et les propositions d’implantation faites par l’entreprise Bolloré. Cette implantation sera peu liée à des créations d’emplois seulement 100 pour la France, demandera une prise en charge par les communes (5% par borne coûtant entre 15000 et 20000 euros), aucune redevance ne sera due par cette entreprise pour l’occupation du domaine public.
Nous ne pouvons accepter cette dépendance à l’énergie nucléaire même si elle diminue notre dépendance à l’énergie pétrolière et sa pollution et nous vous demandons de reconsidérer votre position sur le projet de voiture électrique et de bornes de rechargement.
Pour Sortir du Nucléaire Cornouaille Marie Nicolas
Ce 23 octobre, Le Monde vient de publier une tribune de l’Observatoire du nucléaire
A l’approche de la COP 21, le Sommet mondial sur le climat qui aura lieu en décembre prochain à Paris, le gouvernement français intensifie sa croisade en faveur de la voiture électrique, probablement parce qu’il s’agit là de la seule action permettant de faire croire que le pays hôte se préoccupe du climat.
Or, contrairement à ce que croient la plupart des gens, soumis il est vrai à une continuelle propagande de la part du personnel politique et des industriels, la voiture électrique n’est pas plus vertueuse pour le climat que la voiture thermique (essence ou diesel).
Il suffit pour s’en persuader de se reporter à une étude (*) publiée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un organisme pourtant parfaitement public… mais dont les conclusions sont délibérément ignorées par le gouvernement et, en particulier, par la ministre de l’écologie Mme Royal.
Voici la donnée la plus cruciale révélée par cette étude : la fabrication des batteries est tellement émettrice de co2 qu’il faut avoir parcouru de 50 000 à 100 000 km en voiture électrique pour commencer à être moins producteur de co2 que si l’on roulait en voiture thermique. C’est-à -dire de 15 à 30 km par jour, 365 jours par an, pendant 10 ans !
Sachant que les voitures électriques servent essentiellement pour des trajets courts, il est probable qu’un propriétaire de voiture électrique n’atteindra jamais, ou à peine, le kilométrage nécessaire pour s’estimer plus "vertueux" qu’avec une voiture thermique.
Mais il y a encore pire : ce que l’étude de l’Ademe oublie de pointer, c’est que le co2 dont est coupable la voiture électrique est envoyé totalement dans l’atmosphère avant même que ne soit parcouru le moindre kilomètre, ce qui démultiplie son impact, alors que le propriétaire de voiture thermique va émettre son co2 peu à peu au fil des 10 années considérées.
Par ailleurs, même si cela ne concerne pas directement le climat, il est partout prétendu que la voiture électrique n’émet pas ces fameuses particules fines si nocives pour la santé. Mais, là aussi, les idées reçues se fracassent sur le réel : comme le signale le magazine Science et Vie (janvier 2015), "Les pneus, les freins et l’usure des routes émettent presque autant de microparticules que le diesel" (**).
La voiture électrique émet certes moins de ces particules que la voiture thermique puisqu’elle ne dispose pas d’un pot d’échappement, mais elle possède bien des freins, des pneus, et elle roule elle aussi sur le goudron de la chaussée !
Au final, il apparaît clairement que la voiture électrique n’est pas plus "écologique" que la voiture thermique. Il en découle incontestablement que l’argent public consacré par le pouvoir politique au développement de la voiture électrique est totalement injustifié. Or, malheureusement, il s’agit de sommes astronomiques :
le gouvernement français a d’ores et déjà lancé un plan d’installation de 7 millions de bornes de rechargement pour voitures électrique, à 10 000 euros l’une, ce qui correspond environ à un coût insensé de… 70 milliards d’euros. Il est d’ailleurs poignant de voir les élus de petites communes, croyant faire un geste pour l’environnement, casser la tirelire municipale pour s’offrir une borne de rechargement.
le bonus prétendu "écologique" pour susciter l’achat d’une voiture électrique dépasse 10 000 euros par véhicule, le bonus d’Etat étant souvent complété par une prime de la Région. Le plus choquant est que la quasi-totalité des acheteurs sont des ménages aisés : une fois de plus, l’argent de tous est offert aux plus privilégiés.
Alors, pourquoi les dirigeants politiques se font-ils les VRP de la voiture électrique et pourquoi gaspillent-ils massivement l’argent public dans cette voie de garage ? Nous l’avons vu, c’est assurément pour pouvoir faire croire, avant la COP21, qu’ils agissent par au moins un biais.
Tout aussi certainement, c’est parce que nous sommes au pays de l’atome et que tous les moyens sont bons pour tenter de booster la consommation d’électricité, en baisse continue depuis plusieurs années. La voiture électrique en France peut d’ailleurs être considérée comme une "voiture nucléaire" dans la mesure où la quasi-totalité des bornes de rechargement installées sont branchées sur le réseau électrique ordinaire, alimenté à 80% par les centrales nucléaires.
Il convient d’ailleurs de ne pas se laisser abuser par les certificats mis en avant par M. Bolloré et ses Autolib (Paris), Bluecub (Bordeaux) et Bluely (Lyon), assurant qu’elles sont rechargées aux énergies renouvelables : il ne s’agit là que de jeux d’écriture, l’électricité utilisée est exactement la même, à 80% nucléaire.
La voiture électrique française n’est donc pas seulement émettrice de co2 et de particules fines, elle n’est pas seulement coupable des ravages causés par l’extraction du lithium et du graphite contenus dans ses batteries, elle est aussi co-responsable de toutes les tares de l’atome : risques de catastrophe, production de déchets radioactifs, pillage et contamination du Niger par les mines d’uranium exploitées par Areva, etc.
En conclusion, nous affirmons haut et fort que nous ne faisons pas ici la promotion de la voiture thermique, qui est elle-même une calamité environnementale. Mais, justement, personne n’aurait l’idée d’offrir 10 000 euros à un acheteur de voiture essence ou diesel, de lui réserver des places de stationnement, de lui remplir son réservoir gratuitement ou à tarif privilégié pendant qu’il est au cinéma ou au restaurant, etc.
C’est pourtant ce qui est fait en faveur des possesseurs de voitures électriques ce qui, nous l’avons montré, est totalement injustifié sur le plan de la protection de l’environnement et sur celui de la santé publique, et ce qui est totalement injuste socialement.