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Accueil du site / Brennilis et ses déchets / Le démantèlement des installations nucléaires : un problème d’intérêt général, pas une perspective marchande !

Le nucléaire ne peut se réduire à la question énergétique,

c’est un choix de société, nucléaire, militaire, policière, centralisée

qui a été imposé aux Français sans consultation démocratique. C’est un choix qui épuise les ressources, met en danger son propre avenir, qui endette durablement le pays. C’est un choix qui hypothèque l’avenir de l’humanité. Albert Jacquard parle « de suicide à long terme » si nous ne stoppons pas cette folie.

La question du démantèlement des installations nucléaires (il y en a plus d’une centaine en France actuellement) doit être

dictée par des impératifs de santé publique,

de sécurité des travailleurs et de la population, de préservation des écosystèmes en raison des risques liés à la contamination radioactive. Elle ne doit pas être dictée par la poursuite d’intérêts commerciaux ou pour en faire un secteur durable d’emplois même si hélas, l’héritage sera lourd et long à gérer.

Les conditions actuelles de démantèlement sont révélatrices de l’impasse nucléaire. C’est cela qu’a mis en lumière le combat de l’association Sortir du nucléaire Cornouaille avec d’autres associations antinucléaires sur la question du démantèlement, combat soutenu et appuyé par des milliers de citoyens.

L’association Sortir du nucléaire Cornouaille a engagé depuis plus de 5 ans

un bras de fer avec EDF et les autorités, sur le difficile dossier du démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis. Elle a contribué

  à ce que le Conseil d’Etat annule en juin 2007 le décret de démantèlement complet de Brennilis
  à faire reconnaître par EDF en novembre 2007, la contamination radioactive du chenal de rejets grâce à des prélèvements de mousses analysés par le laboratoire de la CRIIRAD.
  Et récemment, en mars 2010, à ce que la commission d’enquête prononce un avis défavorable. Une lettre-pétition à l’initiative des 7 associations avec plus de 9000 signataires lui avait été remise.

Depuis plus de 3 ans, elle réclame avec d’autres associations, appuyée par de nombreuses pétitions signées par plusieurs dizaines de milliers de citoyens

qu’un débat public national soit ouvert

enfin sur la question du démantèlement des installations nucléaires et du devenir de ses déchets, car 14 démantèlements d’installations vont être engagés. Ce à quoi, les autorités et le lobby nucléaire tentent de se soustraire en morcelant les dossiers par des enquêtes éparpillées,

empêchant le citoyen d’avoir une réelle vision globale

et de pouvoir peser sur des choix cruciaux qui le concernent.

Ainsi, à la Hague, AREVA s’apprête à démanteler l’atelier Haute activité oxyde et 3 INB de l’usine UP2 400, pour un coût de 125 millions d’euros par an pendant 25 ans au moins ( Sans envisager la dérive des coûts).Il est important qu’on

sache le coût global à venir du démantèlement

dans une période où le pouvoir continue d’asséner que l’électricité nucléaire est la moins chère du Monde.

C’est dans ce contexte que Sortir du nucléaire Cornouaille vient de déposer en juin 2010 avec 6 autres associations un recours devant le Conseil d’Etat pour le décret concernant l’ICEDA du Bugey (installation de stockage « provisoire » des déchets les plus radioactifs du démantèlement). Cette option, qui de plus, n’est pas définitive, augmenterait le nombre de transports de déchets hautement radioactifs et dangereux à travers toute la France.

Et il faut examiner et débattre de la possibilité du stockage des déchets radioactifs sur les sites mêmes où ils ont été produits, option nettement plus cohérente si l’on se place dans la situation d’arrêt du nucléaire.

Aussi à « Nucléaire : arrêter la fuite en avant ! », nous disons bien sûr oui ! mais à « démanteler maintenant », nous répondons : non ! il est urgent d’attendre. Le démantèlement, parlons-en d’abord.

Le lobby nucléaire pousse à la précipitation

dans ce domaine alors qu’il n’existe actuellement aucune solution de stockage pour ces déchets, que l’option sur site n’a pas été débattue et que les travailleurs seraient moins exposés si on attendait pendant 50 ans la décroissance radioactive de la cuve du réacteur. Les industriels EDF et AREVA veulent démontrer que le démantèlement est faisable, pour permettre ainsi le renouvellement du parc nucléaire. Peu leur importe si des doses de radioactivité accrues sont prises par les travailleurs, des déchets nucléaires entreposés provisoirement.

La CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) a accepté qu’EDF ne communique pas à l’avocat de Sortir du nucléaire,

l’étude détaillée des scénarios de démantèlement de Brennilis pour un motif commercial

. Elle contenait des éléments de comparaison concernant le calcul des doses de radioactivité prises par les intervenants. C’est inacceptable. Le démantèlement ne doit pas se faire au nom de logiques marchandes, au détriment de la santé des travailleurs, de la population et de l’environnement.

Utiliser les mots « marché porteur », « savoir-faire à l’exportation »,

c’est faire le jeu du lobby nucléaire et son complexe militaro-industriel et financier. Le démantèlement des installations nucléaires sera de toute façon une affaire « démente » par le coût, la dangerosité, l’ingérabilité des déchets radioactifs. Et on ne pourra parler dans ce domaine que de moins mauvaise solution car il n’y en a pas de satisfaisante.

Pour sortir du nucléaire, nous devons faire prendre conscience au citoyen des problèmes que pose le démantèlement des installations nucléaires,

de l’urgence à arrêter de produire des substances radioactives.

Qui sait qu’à Brennilis, le démantèlement de la station de traitement des effluents radioactifs, autorisé par le premier décret de démantèlement partiel de 1996, n’a toujours pas pu être réalisé dix ans plus tard en raison du niveau d’irradiation rencontré ? C’est pourquoi ces problèmes posés par le démantèlement, doivent être enfin exposés au grand jour et notamment par un débat public, honnête et non truqué que nous devons exiger conformément à la convention européenne d’Aarhus .

Les Verts Allemands ont été intraitables sur la question du démantèlement des installations nucléaires tant qu’une décision de sortie du nucléaire n’a pas été prise.

Ne leurrons pas les citoyens, le démantèlement sera toujours

une affaire à hauts risques sanitaires en raison des poussières radioactives

émises tant pour les travailleurs que la population. Deux intervenants sur le démantèlement d’un atelier de l’usine de La Hague ont inhalé en 2006 des vapeurs contenant des particules de plutonium. Un millionième de gramme suffit pour déclencher un cancer des poumons à plus ou moins long terme.

Le démantèlement des installations nucléaires est une question d’intérêt général et non marchand qui doit être d’abord débattue, pour

créer une coopération au point de vue international vers une dénucléarisation de la planète.

18 août 2010 Chantal Cuisnier, Sortir du nucléaire Cornouaille-06 84 14 58 87 Didier Anger, Crilan-06 80 23 39 45