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Bure, CIGEO et les déchets nucléaires « Il faut bien faire quelque chose » c’est ainsi que les responsables politiques s’excusent de leur incapacité à régler le problème des déchets nucléaires. L’histoire est longue : on a commencé entre 1960 et 1972 à les immerger dans les océans ; puis à les stocker en surface –deux sites principaux La Hague, Soulaines et Morvilliers dans l’Est de la France et 28 autres plus "modestes". Puis l’idée de les enfouir profondément est défendue par les différents ministres de l’environnement. On doit à Dominique Voynet –ministre du gouvernement Jospin en 1990 le feu vert pour la construction d’un laboratoire. Puis sous Ségolène Royal la création du cadre légal de CIGEO (Loi Le Deaut-Longuet).

Quant à Nicolas Hulot avant d’être ministre c’était « NON » avec une position ambigüe « c’est une mauvaise solution mais j’en ai hérité …. » affirme-t-il au Parlement en février 2018 en réponse à l’intervention d’une députée de la France Insoumise.

Mais CIGEO c’est quoi en fait : un territoire confisqué ? Des déchets nucléaires à débarrasser ? Et enfin « l’impossible preuve de sûreté » ?

Le territoire : Il se situe entre les départements de la Meuse et de la Haute Marne. Autour du laboratoire, peu à peu l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets radioactifs) a accaparé des territoires pour 15 millions d’Euros au total 2000 ha de forêts et 1100 ha de terres agricoles. Le projet en lui-même n’occuperait que 550 ha et à l’heure actuelle ces terres servent de monnaie d’échanges lors des expropriations ou de pression sous couvert de baux précaires. Un ha coûte 5600 Euros alors qu’ailleurs le prix moyen à l’ha est 2600 Euros, prix prohibitif pour l’installation de jeunes agriculteurs. C’est la vue « aérienne du projet mais en sous-sol sont prévues 256 km de galeries creusées dans l’argile à -500m de profondeur.

Les déchets nucléaires en question : Le retraitement à La Hague les déchets nucléaires provenant du cycle du combustible dans les Centrales nucléaires, afin de récupérer le Plutonium pour faire la bombe, a généré des déchets à enfouir de natures différentes au point de vue radiations ionisantes et propriétés thermiques. Cela nécessite une gestion particulière pour chacun d’entre eux : colis bitumeux, vitrification …. On distingue 5 catégories :
-  les actinides mineures
-  les produits de fission
-  l’Uranium de retraitement
-  le Plutonium
-  le MOX irradié (Mélange des Oxydes d’Uranium et de Plutonium)

Au total un mélange de 85000 m3 constitué de :
- 73600 m3 de déchets de Moyenne Activité à Vie Longue (MA VL)
- 10000 m3 de déchets de Haute Activité à Vie Longue (HA VL) qu’il faudra surveiller pendant 100 000 ans.

L’impossible preuve de la sûreté C’est le point majeur de l’affaire et malgré l’air convaincu de l’ANDRA il y a beaucoup à faire !!

L’enfouissement des déchets nucléaires à une longue histoire d’accidents et d’abandon de projets. En 1957, explosion à Kytchym dans l’Oural dans un stockage souterrain de Plutonium, abandon du projet de Yucca Mountain (Nevada USA) sous la Présidence d’Obama pour les « garanties géologiques jugées insuffisantes », WIPP dans le nouveau Mexique explosion dans un site d’enfouissement de déchets nucléaires militaires, ASSE (Allemagne) la mine de sel servant de site de stockage profond de fûts prend l’eau et les 126000 fûts à extraire d’ici 2033…

Pour Bure, on peut parler des 3 questions à résoudre :
-  l’argilite du sous-sol est peu cohésive et nécessite l’utilisation structures métalliques importantes (100 mille tonnes). L’éboulement au fond de galerie est à l’origine de la mort de David Viarre en janvier 2016. La roche est saturée d’eau qui au contact de la radioactivité subit une radiolyse c’est-à-dire la décomposition en H+ et OH-, entraînant corrosion des métaux et production d’H2 avec risque d’explosion dans des alvéoles de stockage surdimensionnées (500 m de long et de 9 m de diamètre). Enfin les travaux de construction et de stockage seraient simultanés pendant 30 ans.

-  d’autant plus que les 18% des colis prévus sont dit « bituminés ou bitumineux » et donc inflammables, à l’heure actuelle l’ANDRA ne dispose pas de solution pour diminuer l’inflammabilité. Cela représente 40000 fûts de 200 L.

-  La durée de stockage est prévue pour 100000 ans or on ne connait pas la façon dont vont se comporter les déchets et la réversibilité n’est pas prévue. Boucher les alvéoles ne réduit pas les risques d’instabilité, d’incendie et de fuites.

En guise de conclusion : Le stockage profond n’est en aucun cas la solution de gestion des déchets nucléaires. C’est ce qu’affirment, contre vents et marées et répressions policières : les jeunes, paysans, habitants, scientifiques, associations antinucléaires.

Durement réprimée en septembre 2017 puis en février 2018 la lutte contre "la poubelle nucléaire" à Bure continue et appelle à un soutien massif afin d’obtenir l’abandon du projet. La solution qu’ils défendent depuis plus de 20 ans : l’arrêt de la production des déchets nucléaires, le stockage en subsurface et sur le lieu de production. Pour plus d’infos : le livre "La bataille du Nucléaire Gaspard D’Allens et Andrea Fuori (Edition du Seuil)

Voir en ligne https://reporterre.net/De-Bure-a-Be...