Recherche

Accueil du site / Uranium en Bretagne / L’extraction de l’uranium naturel et son raffinage, est-ce dangereux ?

Samedi 21 janvier 2014, l’émission "Terre à Terre" sur France Culture était consacrée à

l’usine Comurhex de Malvesi, près de Narbonne.

Carte et photos de la France Atomique d’André Paris-2010

Les similitudes des problèmes posés par une telle exploitation sont grandes avec ceux d’un site comme Brennilis en Bretagne : contamination du site, sous-traitance, absence d’enquête épidémiologique auprès des travailleurs,stockage de déchets, transports de substances radioactives, même si les éléments, la taille, les enjeux actuels ne sont pas identiques.

Rappel sur cette usine lointaine :

Cette usine a été construite en 1958 sur le territoire de la commune de Narbonne , en bordure immédiate de l’agglomération, elle est destinée à la purification et transformation de l’Uranium en Tetrafluorure (UF4) d’Uranium. Jusqu’en 1983 elle retraite également de l’uranium provenant des centrales. Elle a un double classement : ICPE (Installation Classée pour l’Environnement) Seveso II, elle a longtemps traîné pour constituer un dossier la classant en INB (Installation Nucléaire de Base) demandé en 2009 par l’Autorité de Sûreté Nucléaire à cause de la présence de Thorium, Americium... liée à son activité de retraitement entre 1960 et 1983 de déchets provenant de Centrales nucléaires et stockés dans les deux premiers bassins de rétention.

Fonctionnement

C’est la porte d’entée du Yellow Cake (pâte jaune composée à 75 % d’Uranium) provenant du Niger, Canada, Kazakhstan et Australie, qu’elle transforme par action de produits chimiques -acide fluorhydrique, nitrates et ammoniaque- en UF4 ou tétrafluorure d’Uranium. Environ 10000 à 14000 tonnes produites chaque année, ce qui en fait la première usine dans le monde.

Le UF4 est ensuite transporté par camions citernes (3 à 4 par jour) soit 60 tonnes par jour, vers Pierrelatte pour la suite du processus de fabrication du combustible de nos centrales, ntamment de l’enrichissement en uranium fissile (isotope U235).

Les déchets de traitements sont stockés et évaporés dans 12 bassins de rétention. Les vents et le soleil permettent l’évaporation des produits chimiques et radioactifs. Ce sont 300 000 tonnes de déchets qui sont stockés sur le site et gérées depuis 2008 par un plan de gestion des déchets, on rappelle que l’usine fonctionne depuis 1958. Outre les 12 bassins de rétention, l’usine entrepose le long de la clôture des milliers de fûts d’Uranium. La CRIIRAD a plusieurs reprises a fait des mesures à proximité du grillage (2003, 2006, 2009) et relevé des doses anormalement élevées de radioactivité.

Accidents et contamination du personnel

En 2004, la digue autour d’un bassin cède et environ 30 000 tonnes de boues radioactives se déversent sur plusieurs dizaines de mètres. La Comurhex indique que la situation est sous contrôle et que "les boues contiennent des nitrates c’est bon pour les légumes". Une riveraine fait appel à la CRIIRAD qui révèle que ces boues contiennent des transuraniens en quantité élevées (Thorium 230, Radium 226, Americium 241 qui provient de la désintégration du Plutonium 241). Le nettoyage durera des années. Michel Leclerc lui a contracté une leucémie myèloïde en travaillant 4 ans comme mécanicien d’une société sous-traitante de la Comurhex. Il est régulièrement contaminé par de l’Uranium. Cette leucémie est reconnue comme maladie professionnelle mais à lui la charge de la preuve, il se heurte à la partialité de l’expertise. C’est un imbroglio juridique qui dure encore. Même si la Sécurité Sociale a reconnu la faute inexcusable de l’employeur en soulignant que c’est à la Comurhex et non au sous-traitant qu’incombe la responsabilité. S’en suivent de longues démarches juridiques pour aboutir en novembre 2013 à une victoire pour la Comurhex et la cassation demandée par Michel Leclerc. Le combat de Michel Leclerc et de la CRIIRAD a fait avancer les choses pour une meilleure sécurité des travailleurs. Les associations, les élus et les syndicats ont demandé une enquête épidémiologique, est-ce que les sous-traitants seront inclus dedans, l’avenir nous le dira ? Pour cet article, j’ai utilisé l’émission de Terre à Terre et le numéro n°44 de trait d’Union de la CRIIRAD.

Marie Nicolas

Voir en ligne France Culture Emission Terre à terre du 21 janvier 2014