Le 17 juin 2013
Nous relayons le message de la CRIIRAD du 11 juin 2013 qui dénonce le licenciement de Bruno BARRILLOT et s’inquiète de voir refermer, une fois de plus, le dossier de l’impact sanitaire et environnemental des essais nucléaires de la France et vous invite à lui adresser un message de soutien à l’adresse de l’association Moruroa e tatou(*) : moruroaetatou@mail.pf .Ces messages seront transmis tant au gouvernement polynésien qu’au gouvernement français..
Bruno Barrillot est un expert indépendant, spécialiste des armements et notamment des armes nucléaires, co-fondateur en 1984 du Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits, devenu depuis l’Observatoire des armements. En 2005, il a été chargé par le gouvernement de Polynésie du suivi des conséquences des essais nucléaires français en Polynésie. Il avait pourtant obtenu des résultats concrets, en matière d’assainissement des sites et de reconnaissance des droits des victimes. Les autorités françaises ont longtemps soutenu que leurs explosions atomiques expérimentales étaient restées propres et n’avaient donc fait aucune victime. Bien que très insuffisante, la loi Morin de 2010 sur l’indemnisation des victimes des essais constituait un premier pas vers la vérité et la justice. Bruno BARRILLOT a joué un rôle important dans son élaboration. L’une des premières décisions du gouvernement de Gaston FLOSSE, redevenu président de la Polynésie française le 17 mai dernier, a été de mettre fin, sans explication, à sa mission de suivi, pourtant loin d’être achevée
Voici un message de soutien à Bruno Barillot envoyé par Marie et Gilbert Nicolas
La légitimité du pouvoir, celle d’une institution tiennent à leur capacité à résoudre les problèmes que suscitent leur fonctionnement.
En regard de ce qu’ont représenté pendant plus de trois décennies les essais nucléaires en Polynésie avec leurs conséquences : environnementales, économiques, politiques, humaines , sanitaires...véritables génocide et ethnocide une conclusion s’impose : le gouvernement de Monsieur Gaston Flosse, mis en place, suite à l’élection du 17 mai 2013 -avec l’aval caractérisé du gouvernement français- nie tous les forfaits du nucléaire. Non seulement le gouvernement polynésien nie ces forfaits, mais il avalise un passé colonial, méprise toutes les victimes passées, actuelles et futures du nucléaire, jette l’opprobre sur les Pouvanaa, les John Teariki, les Bruno Barillot... qui représentent l’honneur de ce territoire. Sous couvert de légitimité il s’enfonce dans des dénis de justice, bafoue les règles de droit élémentaire, institue la raison d’État qui bâillonne toute expression libre et citoyenne. Bruno Barillot. Voilà un homme qui a consacré sa vie à dénoncer les sinistres conséquences des essais nucléaires français ; un homme qui est totalement solidaire des victimes ; un homme qui clame la vérité haut et fort ; un homme qui prolonge l’irremplaçable lignée de ces "justes" qui, pour respecter les vérités éternelles osent défier les règles de la cité. Et l’on veut le contraindre au silence ; l’on veut que la "Mémoire de la période des essais nucléaires" se meurt. Mais précisément le rôle de la mémoire, l’œuvre de Bruno Barillot conduisent à ce que, plus jamais, les sinistres et néfastes essais du nucléaire anéantissent des populations.
Nous connaissons personnellement Bruno Barillot depuis plusieurs décennies. Nous nous honorons d’avoir collaboré à son inlassable et fondamental travail pour la justice, la vérité, le droit à l’égard des victimes des essais nucléaires. Son action constante est une lueur d’espoir dans la nuit du nucléaire : "Entre le nucléaire et la bougie il y a l’intelligence". Bruno Barillot est cette intelligence qui nous permet d’avancer.
A Quimper, le 15 juin 2013 Gilbert et marie Nicolas.
(Gilbert Nicolas un membre de l’équipage du "Fri" qui s’est opposé aux essais nucléaires dans le Pacifique en 1973)
Voir son livre "Un bateau nommé Liberté" réédité en 2011 aux Editions Goutte de Sable
Un autre message qui vient de lui être transmis de Véronique Marchandier
Mesdames Messieurs les responsables politiques,
Je vous écris pour vous demander de respecter et d’encourager le travail de Bruno Barillot. Au lieu de vivre une retraite tranquille , Monsieur Barillot met en œuvre toutes ses connaissances pour servir la Polynésie française, en analysant son environnement. Ces connaissances sur les conséquences des essais atomiques sont indispensables pour aujourd’hui et pour demain.
Quant à la population qui a subi ces dommages sans rien avoir jamais demandé, c’est le devoir de la Nation de demander pardon pour avoir pollué une région vierge, devoir de la Nation d’apporter son soutien aux habitants d’aujourd’hui, et mesures de protection pour les générations futures.
J’espère que ces mesures nécessaires de réparation aideront les responsables politiques à prendre conscience du fait que l’utilisation de l’énergie atomique et la civilisation sont incompatibles.
Salutations respectueuses.
Véronique Marchandier.
Haute Marne France.